LA SANTE BUCCO-DENTAIRE, UN ENJEU DE SANTE PUBLIQUE
En France, les coûts directs des soins dentaires sont estimés à 11,1 milliards d’euros et les coûts indirects à 6,3 milliards d’euros, avec une prévalence des pathologies bucco-dentaires proche de 100% (selon l’OMS). Au-delà de l’inconfort qu’elles peuvent provoquer (douleur, mastication entravée, gène importante…), elles favorisent la dégradation de la santé générale et du bien-être social.
De nombreux pays européens ont pris la mesure de cette problématique et ont décidé au début des années 2000 de changer de paradigme, en privilégiant la prévention, l’économie tissulaire de l’organe dentaire et les soins de gencives.
L’état français est conscient de son retard puisque de nombreuses études ont été commandées à la DREES sur la mise en place de dispositifs de prévention (Bilan Bucco-Dentaire) et sur les soins aux personnes fragiles. Elles ont été complétées par des rapports de la Cour des Comptes, de la CNAM et de la HAS.
L’absence de données actualisées sur l’état bucco-dentaire des français (la dernière date de 2006, et ne prend que quelques aspects de la population française) ne permet pas d’avoir une vision précise comme l’Allemagne ou la Suède.
Le dernier rapport de la DREES compare d’ailleurs dessystèmes de santé de bucco-dentaire européens (Allemagne, Suède et Pays Bas) plus efficaces que celui de la France en matière de prévention et de développement des soins précoces. Ils répondent ainsi mieux aux données actuelles de la science et aux recommandations de la HAS. Ce rapport permet d’éclairer sur la direction à suivre, même s’il convient de le corriger de ses imprécisions, puis d’étendre notre réflexion à d’autres pays européens (Danemark ou encore Belgique, qui a changé récemment de paradigme conventionnel).
Le système de santé bucco-dentaire français occupe une situation singulière en Europe, caractérisé par :
Une faible dépense comparée aux pays de même niveau économique ;
Un reste à charge parmi les 4 plus faibles au monde ;
Des indicateurs de santé bucco-dentaire se situant en-dessous des pays de l’UE de même niveau et n’ayant pas été évalués de manière fiable depuis 12 à 15 ans ;
Une proportion de la population consultant un dentiste une fois par an très faible comparée à l’Allemagne, la Suède ou les Pays-Bas, et une consultation trop souvent motivée par l’urgence ;
Un système de prévention très limité et dont l’efficacité est discutable ;
Les tarifs de soins conservateurs les plus faibles en Europe ;
Le taux d’assistant dentaire par dentiste le plus faible d’Europe, sans la possibilité de déléguer des tâches cliniques.
La négociation d’une nouvelle convention en cours est l’occasion unique de s’aligner sur les orientations prises par nos voisins et de les améliorer. La prévention, les soins conservateurs et parodontaux doivent devenir la base de la nouvelle politique de santé bucco-dentaire. Ce rapport fait des propositions concrètes en lien avec les orientations du gouvernement.
Après un investissement initial qui nous semble maîtrisé, le bénéfice progressif permettra de faire des économies à moyen terme, d’améliorer l’état bucco-dentaire des Français et de prévenir la hausse des dépenses de santé dentaire liées au vieillissement de la population.